Mon premier chat- Isabelle

 

Depuis que je suis toute petite, il y a un chat dans ma vie. J’ai toujours aimé les chats, leur air un peu énigmatique, leur majesté lorsqu’ils se déplacent, leur attention lorsqu’ils sont aux aguets, leur douceur lorsqu’ils se couchent sur nos genoux, leur candeur lorsqu’ils jouent et leur indépendance, un chat ne fait souvent que ce qui lui plait.

Ma sœur Geneviève et Boulotte

Les chats ont marqué différents moments de ma vie.

Le premier chat dont je me souviens c’est Boulotte. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, Boulotte était un chat et non une chatte. C’est que mon père a eu des problèmes à distinguer le sexe du petit chaton qui arrivait à la maison, c’était une tendre boule de poils noire. Lorsqu’on s’est rendu compte de la méprise, le nom était déjà attribué et il n’était pas question de le changer, Boulotte, lui allait si bien. J’adorais ce chat. Combien de fois l’ai-je déguisé, promené en carrosse, fait courir après des boules de papier, surtout des boules en papier d’aluminium qui reluisaient dans le noir ? Boulotte était un chat placide et patient. Il lui arrivait, bien sûr, de manifester une certaine impatience, mais il s’était habitué à une maison pleine d’enfants qui chacun leur tour s’amusaient avec lui au gré de leur fantaisie. Lorsqu’il était trop agacé de se plier à nos caprices, Boulotte se terrait quelque part, on n’avait beau l’appeler, faire tinter son bol de nourriture, lui lancer ses souris préférées, il ne bougeait pas et jouait aux chats endormis. Il pouvait être à ses heures d’une résistance absolue.

Boulotte, c’est le chat de mon enfance, le héros de mes premiers écrits, c’était le roi des chats du quartier. J’étais certaine que tous les chats des environs souhaitaient devenir son ami, enviaient son allure royale, rêvaient de chasser et de jouer avec lui. Je l’imaginais au centre de mille aventures, Boulotte m’accompagnait en Inde ou en Chine ou au Pérou, Tintin avait Milou, moi j’avais Boulotte. Ensemble, nous pouvions affronter mille dangers, débusquer mille malfrats, sauver des villages entiers, rien ne pouvait nous résister. Boulotte, m’avertissait du danger, me mettait sur la piste, m’indiquait le chemin à suivre. Entre vous et moi. Quel chat fantastique !

Malheureusement, l’enfance passe vite et la vie court encore plus vite pour les chats. Un jour, Boulotte est mort, il ne s’est pas réveillé. J’espère qu’il est heureux au paradis des chats, moi, il m’a donné tant de bonheur. Lorsque je pense à lui, je revis un bout d’enfance. Vous avez peut-être vous aussi un animal qui surgit de votre enfance, un animal qui vous rappelle le plaisir d’être enfant. Replongez-vous dans cette enfance, enfouissez votre visage au creux de cet animal.